Permanence de la langue monégasque au XXIéme siècle
(MàJ 10/01/2019)
Claude Passet
La langue monégasque pose le problème récurrent des langues minoritaires dans le monde globalisé du XXIème siècle. Ce problème se pose avec une acuité particulière en principauté de Monaco. En effet sur les deux kilomètres carrés du territoire monégasque se côtoient en 2018 plus de 130 nationalités et 39.000 habitants dont seulement 9.300 de nationalité monégasque. Dans cette Babel linguistique trois langues « majoritaires » émergent : français, italien et anglais.
La langue monégasque est enseignée à l’école comme un des éléments de l’identité culturelle monégasque, mais dans des classes qui comptent en pourcentage peu de jeunes de nationalité monégasque ou « d’enfants du pays » (résidents de nationalité étrangère nés à Monaco dont la famille est présente parfois depuis des décennies). Les nationaux sont largement minoritaires.
Voilà donc posé le contexte de la langue monégasque et le problème de sa survie.
La langue française est la langue officielle de l’État selon la Constitution monégasque. La version officielle de l’hymne national est en français, mais chaque fois que les Monégasque se rencontrent pour une réunion informelle (réunions politiques, Pan de natale, par ex.) ou officielle (Fête nationale, accession au trône du nouveau prince, etc.) ils entonnent tout naturellement la version « non officielle » en monégasque… Paradoxalement la langue originelle du pays, le monégasque, n’est pas la langue officielle.
Les locuteurs habituels du monégasque, généralement des sexagénaires ou plus âgés, se partagent entre locuteurs d’un monégasque assez correct et d’un monégasque « des rues », « contaminé » à divers degrés par les dialectes voisins occitans (turbiasc, mentounasc, nissart), ligures (Dolceacqua, Vintimille, Sanremo, etc.) ou piémontais. Bien que des générations d’écoliers aient appris le monégasque la langue ne franchit pas le seuil de l’école de façon significative. Dans quelques familles monégasques les grands-parents s’expriment encore dans « leur langue », ce qui maintient la tonalité particulière de celle-ci dans les oreilles des jeunes auditeurs.
Rien n’est encore perdu tant que le monégasque sera enseigné à l’école. Déjà des quadragénaires reprennent le flambeau de leurs parents même si le français reste leur parler quotidien. Des jeunes Monégasques se préparent à entrer à la faculté des lettres pour remplacer un jour leur professeur de monégasque. Certes les récentes publications en monégasque restent encore l’apanage de quinqua ou sexagénaires alertes, mais souhaitons que les récentes traductions des aventures de Tintin suscitent de nouveaux talents de traducteurs, voire de créateurs littéraires en monégasque. Tel est le défi à relever en ce début de XXIème siècle. |